Il y a 900 ans, à la mort de Robert d’Arbrissel, ses fidèles se disputent son inhumation : ses restes, perçus comme des reliques, constituent au Moyen Âge un enjeu de taille.
Humilité dans la mort
À l’automne 1115, l’état de santé de Robert d’Arbrissel se dégrade, le poussant à nommer Pétronille de Chemillé comme abbesse à la tête de la congrégation le 28 Octobre. Le fondateur reprend son itinérance. Mais en Février 1116, son mal s’aggrave et il doit se réfugier au prieuré d’Orsan, dans le Berry. Le 25 Février 1116, avant de mourir, Robert d’Arbrissel exprime le vœu d’être « enterré dans la boue de Fontevraud, auprès de mes petits frères et sœurs ».
Les reliques, enjeu de pouvoir
Dans l’occident médiéval, la dépouille d’un saint martyr ou d’une figure susceptible d’être sanctifiée en raison de sa vie édifiante, a très vite suscité la convoitise des autorités cléricales. Posséder des reliques était source de prestige et de revenus en raison du pouvoir miraculeux que les chrétiens leur attribuaient. Ces dévotions particulières ont ainsi donné lieu à de nombreux pèlerinages. Les Berrichons, menés par Leger, l’archevêque de Bourges, se sont très vite appropriés la dépouille du bienheureux Robert. C’était sans compter la persévérance et la détermination de l’abbesse Pétronille de Chemillé qui, envers et contre tout, menaça alors d’en appeler au Pape et de maintenir la grève de la faim de sa communauté, jusqu’à obtenir satisfaction.
Robert d’Arbrissel, l’oublié
Pétronille de Chemillé récupère finalement le corps du fondateur en laissant le cœur à Orsan. Contrairement à la volonté de Robert d’Arbrissel, Elle le fait inhumer dans le chœur de l’abbatiale, là où les frères prêtres y étaient autorisés. Les fidèles ne pouvant s’y recueillir, sa dépouille ne suscite pas de dévotion particulière susceptible de donner lieu à des miracles. Le fondateur sombre peu à peu dans l’oubli…
Destination Chemillé
À Fontevraud, la Révolution Française met un point final à près de sept siècles de vie monastique. En 1793, l’Abbaye est pillée. Toutefois, la transformation de l’abbaye en prison protège les lieux de la démolition. Le 20 Octobre 1847, les religieuses de Chemillé, obtiennent de Louis-Philippe la capse contenant les restes de Robert d’Arbrissel, ainsi que son bâton pastoral et le reliquaire en argent du prieuré de Saint Jean de l’Habit, contenant la moitié du cœur du fondateur. Aujourd’hui, ces objets patrimoniaux sont conservés au sein du prieuré bénédictin de la Barre, à Martigné-Briand.
Tête du gisant de Robert d’Arbrissel en marbre – © Service régional de l’Inventaire/Abbaye Fontevraud