Dans un ciel de lumière et de laine – Pascal Convert
Du samedi 23 mars au dimanche 30 juin 2024
Inclus dans le billet d'entrée
Pascal Convert déploie son œuvre pour proposer une lecture de l’abbaye dans toute la profondeur de sa dimension spirituelle. De l’église abbatiale à la salle du chapitre, il construit un parcours au fil duquel ses créations résonnent avec le monument.
Pascal Convert naît en 1957 à Mont-de-Marsan. Il vit et travaille à Biarritz. Artiste polymorphe, tour à tour plasticien, écrivain et réalisateur, Pascal Convert est considéré aujourd’hui comme l’un des artistes les plus importants de sa génération. Qualifiant son travail d’archéologie de la mémoire, il fait d’architectures détruites, d’enfances disparues, de corps et d’histoires oubliées les matières de son œuvre.
Grâce à la photographie, ou par le biais de matériaux tels que la cire ou plus souvent encore le verre, Pascal Convert nous exhorte à regarder à la lumière le passage du temps, et les effets persistants du passé. La spiritualité, la mémoire et le sens sont au cœur de son œuvre, à la fois mystérieuse et profonde. Son travail porte essentiellement sur l’empreinte et le refus de l’oubli. Elle entretient des liens particuliers avec tout ce qui a disparu, les objets, autant que les êtres.
Pour Fontevraud, il a créé plusieurs pièces inédites en mémoire des lieux et des générations y ayant vécu. Parallèlement à son exposition, Pascal Convert a aussi tenu à inviter le jeune artiste portugais Carlos Cavaleiro à créer une pièce pour la salle du chapitre, en hommage aux religieuses s’y étant réunies pendant sept siècles. Cette invitation replace l’idée de transmission générationnelle au cœur du processus de création.
Henri van Melle,
commissaire de l’exposition
Lieux de l’exposition
• Église abbatiale
• Salle du chapitre
DESCRIPTION VUE DEPUIS L’ARTISTE
Pourquoi entrons-nous dans une église ?
Que pensons-nous y trouver ?
Descendre les marches qui mènent au porche de l’entrée ouest de l’église abbatiale de Fontevraud est une expérience étrange : là où nous devrions plonger dans l’obscurité nous allons vers la lumière. Sous l’immense nef, une sculpture de Saint Denis jeune, portant sa tête dans ses mains, revêtu d’une robe armure bleu nuit, accueille les visiteurs. Il nous rappelle qu’en cet endroit, dans la lumière minérale moirée, nous devenons les acteurs d’un récit, celui de nos choix, de notre destin. On peut résister et choisir de porter sa tête jusqu’à l’endroit où l’on a décidé d’être mis en terre ou errer dans un monde qui plonge jour après jour plus encore dans une haine de cent ans.
Un éclat moral et spirituel, une beauté intérieure, glisse le long des arbres-colonnes. Entre la nef et le chœur quatre tombeaux de la dynastie des Plantagenêts gardent le repos des personnages couronnés, rois et reines. Les yeux clos, le corps enveloppé dans les plis de pierre veinés de bleu et de rouge, bible ouverte ou épée sur le cœur, ils veillent, se souvenant que rien ne subsiste des apparences et que l’attente est éternelle. Quinze livres ouverts cristallisés en verre bleu dessinent autour d’eux un espace qui commémore le tourbillon
de l’Histoire de France.
Sur l’autel est posé un très grand livre cristallisé ouvert. Au-dessus plane l’ombre d’un corps. Évoquant le tableau de Tintoret dans lequel Saint Marc plonge du ciel pour sauver un esclave, nuage de cuivre et d’argent, il glisse dans l’air. Se formant et se déformant comme sous une caresse, trois têtes en verre soufflé miroitent autour de lui.
Dans l’abside, posé sur trois colonnes en verre moiré, un bras-relique en cristal dessine la trajectoire de vaisseaux immortels filant vers un point mystérieux.
Un cinquième gisant, christ cristallisé en verre, bras serrés le long du corps, dort dans sa gangue de plâtre devenu manteau de laine. Devant cette apparition, le visiteur sent que le destin des humains peut trouver d’autres chemins que celui de la destruction.
Faire vibrer un espace, en réactiver le sens, en étendre le dessein silencieux, outre les œuvres présentées dans la nef, c’est ce que poursuit également le travail sculptural d’un jeune artiste invité, Carlos Cavaleiro. Dans la salle capitulaire, lieu de réunion des moniales, trois chaises sont engagées dans des colonnes en plâtre. Ces colonnes, incomplètes, évoquent la construction et l’histoire du lieu et les chaises qui les traversent disent les corps pris dans la puissance du temps, temps-punition de la prison ou temps maîtrisé de l’abbaye.
Pascal Convert
Entretien avec Pascal Convert
Conversation en Pascal Convert et Nadeije Laneyrie-Dagen à l’occasion de l’exposition Dans un ciel de lumière et de laine dans l’abbatiale, présentation et signature de la nouvelle monographie Pascal Convert, éditée par Flammarion avec le soutien du CNAP
- Samedi 8 juin à 11h
Réservation : www.fontevraud.fr/inauguration