UNE NATIVITÉ DANS LE CHŒUR DE L’ÉGLISE
Pour cette exposition, dans le chœur de son église abbatiale, l’Abbaye royale de Fontevraud met en lumière la figure du prophète qui se trouve au cœur de l’œuvre sculptée de l’artiste Jean Touret. Réalisées tout au long de sa carrière, ces sculptures monumentales inspirées de la Bible plongent le visiteur dans une quête esthétique et spirituelle, entre douceur et émerveillement.
C’est au milieu de cette forêt de sculptures prédicatrices que se dévoile la nativité, un ensemble composite de plusieurs statuettes colorées en écorce.
Commissaire de l’exposition : Fabrice Masson
- Le 30/11 à 14h30, venez assister à un moment exceptionnel autour de Jean Touret donnée par 3 témoins proches du parcours de l’artiste dans l’auditorium.
La conférence est comprise dans le billet d’entrée de l’Abbaye royale de Fontevraud
Jean Touret prophète et démiurge
Ce qui saisissait le visiteur qui rencontrait Jean Touret pour la première fois, c’était sa façon de parler dans un langage poétique. Pour son ami Jean-Marie Lustiger “Il sculptait la langue comme d’autres sculptent la glaise”.
Parlait-il comme un prophète? Jean Touret se sentait proche des prophètes de l’Ancien Testament. Il se nourrissait de la lecture de la Bible, et tout particulièrement des Prophètes dont il était avide de déchiffrer les paroles: mises en garde, annonces de calamités ou de temps meilleurs, dénonciations des conformismes et des opinions établies… La parole du prophète est inconfortable, elle remue, remet en question. Pour Touret, le rôle de l’artiste est similaire à celui du prophète.
Ses grandes sculptures “prophétiques”, œuvres monumentales réalisées tout au long de sa carrière, traduisent le mieux ses aspirations profondes. Elles mesurent entre 2 et 3 mètres de haut, certaines culminent à 3,70 mètres. Elles sont rarement nommées (la plupart des titres ont été donnés tardivement). Pour lui, il s ‘agit de figures bibliques, le plus souvent des prophètes. Lui-même se sent l’interprète d’une divinité dont il doit transmettre un message. Sa capacité à entraîner, sa liberté d’esprit, son absence de préjugés esthétiques et sa foi en la Providence le font agir comme un prophète. Pour Touret, la sculpture est un signe. Aussi, il ne persiste pas dans la veine purement figurative de ses débuts. Il préfère réaliser des œuvres moins immédiatement compréhensibles. Lustiger dit : « Il voulait aider, avec ses bouts de bois, avec ses plaques de tôle, de zinc, de cuivre et tous les matériaux qu’il a expérimentés, à montrer le visible dans l’invisible. »
Il cherche à obtenir le plus de force expressive avec le minimum de moyen ; ses figures tendent de plus en plus vers l’épure, à la limite de l’abstraction. Il est obsédé par la justesse, expression d’une harmonie idéale. Quand il est satisfait, il dit d’ailleurs qu’il a sculpté une œuvre juste…
Le bois est son matériau préféré. Pour lui, les arbres sont comme des hommes : la verticalité de l’Homme comme celle de l’Arbre expriment la dignité, le courage, le dynamisme. Sculpter le bois, lui donner forme humaine, c’est redonner vie à l’Arbre dont il est issu, c’est lui insuffler une existence quasi sacrée. La nature du bois chez Touret est toujours noble ; ses aspérités, ses défauts, ses marques de vie sont toujours revendiquées. Les racines et les branches sont comme des pieds et des bras. Il dit lui-même : « Originairement nous sommes des arbres. La première glorification de Dieu, ça a dû être un arbre. Il a vu que l’arbre se précipite vers le haut, allongé, les bras également implorants. Il a dit : ” J’ai créé ma louange”. »
Les mains de ses personnages sont souvent démesurées. Ses statues font penser aux statues-colonnes des églises médiévales, où les mains font l’objet d’un traitement expressif et symbolique.
Catalogue d’exposition : Jean Touret – Prophètes, œuvre sculpté 1950-2000
Connu pour avoir fondé et dirigé, dans les années 1950-1960, le groupe des Artisans de Marolles, créateur de mobilier et de luminaires, Jean Touret fut aussi un sculpteur empreint de spiritualité, dont l’essentiel de l’œuvre visible se cache dans une quinzaine d’églises et de chapelles. Sa production liturgique culmine, grâce à l’amitié du cardinal Lustiger, avec l’aménagement du chœur de la cathédrale Notre-Dame en 1989.
Jean Touret, croyant, se sentait proche des prophètes de l’Ancien Testament. La parole du prophète est inconfortable, elle remet en question. Pour Touret, le rôle de l’artiste est similaire à celui du prophète.
L’Abbaye royale de Fontevraud présente, à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de l’artiste, un ensemble exceptionnel d’une quarantaine de sculptures monumentales.
- 10€ – Ouvrage disponible en billetterie
“Histoire du monsieur qui a perdu son parapluie”, Jean Touret – 1960
À l’occasion de l’exposition Jean Touret – Prophètes, venez assister à la projection d’un court-métrage poétique imaginé par Jean Touret. Perdu en 1970, puis reconstitué par François Touret, l’un des enfants de l’artiste, ce film d’animation apporte une vision complémentaire et peu connue de la vision de Jean Touret.
Cette projection sera suivie d’un échange avec le public pour évoquer les multiples enjeux sociétaux et philosophiques soulevés.
- Projection le 1er mars 2025 à 11h dans l’auditorium
La projection est comprise dans le billet d’entrée de l’Abbaye royale de Fontevraud