Miel de Fontevraud : les abeilles succèdent aux abbesses à l’Abbaye
Le temps des abbesses a laissé place à celui des abeilles. Depuis 2013, dans le sous-bois de l’Abbaye Royale de Fontevraud, les ruches bourdonnent du travail harmonieux et solidaire de centaines de milliers de butineuses… faisant écho à l’ancienne vie monacale.
LE MIEL À FONTEVRAUD EN CHIFFRES
- Installation des premières ruches en 2013
- En 2023, 40 ruches sur place, dans le petit sous-bois de l’Abbaye royale de Fontevraud
- Plus de 1 600 000 abeilles
- Deux récoltes dans l’année
- Entre 1000kg et 1800kg par an de miel produit
“FIGURE IMPOSÉE ABBAYE”, UN CLICHÉ HISTORIQUE
En 1984, le photographe Patrick Toscani, accueilli en résidence à l’Abbaye royale de Fontevraud par le Frac des Pays de la Loire, signe un cliché qui fait sens avec le lieu et son histoire.
Une perspective en pierre blanche de la galerie voûtée en ogives du cloître du Grand-Moûtier y tient lieu d’écran, sur lequel évolue un ballet impeccable d’abeilles posées sur une plaque de verre.
Figure imposée Abbaye, Patrick Toscani, 1984
En guise d’inspiration, l’artiste est allé puiser dans les analogies entre architecture et organisation communautaire, que ce soit celles d’une abbaye de femmes et d’hommes gouvernée par une abbesse, ou celles d’une ruche fondée par une reine.
LES ABEILLES, UNE VIE EN HARMONIE
On aime toujours à les comparer. Labeur incessant, nourriture mesurée, pauvre jouissance des biens, production de cire, fabrication du miel, gestion des pollens, gardiennage farouche, sagacité dans le butinage, le portage… L’abeille fournit le modèle parfait d’une vie en harmonie avec les lois de l’univers.
Au point que la métaphore de la ruche est couramment utilisée pour décrire une forme de cité ou de société idéale dans laquelle se retrouve, dans une hiérarchie très rigoureuse, le triptyque « travail, organisation solidaire et obéissance ». Les monastères seront ainsi comparés très tôt à des ruches, à commencer par Saint-Ambroise, saint patron des… Apiculteurs, bien sûr.
LES ABEILLES EN VUE
Il était donc « naturel » qu’après les abbesses – Julie-Gillette de Pardaillan d’Antin, la dernière d’entre elles, ayant quitté l’abbaye le 25 Septembre 1792 –, les abeilles prennent à leur tour possession des lieux.
Quelque 220 ans plus tard, au printemps 2013, des ruches ont été installées dans le petit sous-bois de l’Abbaye royale dans une démarche durable. Dix au départ, aujourd’hui nous en comptons une quarantaine. Elles sont colonisées par ces travailleuses infatigables, venues ajouter leur bourdonnement au concert des activités touristiques et culturelles qui rythment désormais le quotidien du site.
Notre équipe chargée des espaces verts a été formée et s’occupe aujourd’hui en autonomie de l’entretien des ruches, et veille à la bonne santé des abeilles, les nourrissant aussi l’hiver quand elles hivernent. Le miel de Fontevraud est produit sur place, à raison de deux récoltes par an, dont une partie prend la direction des cuisines du restaurant Fontevraud le Restaurant.
LES DOIGTS DANS LE POT… DE MIEL DE FONTEVRAUD
L’essaim est aujourd’hui réparti sur 40 ruches abritant au total 1 600 000 abeilles capables de produire entre 1 000 et 1 800 kg de miel par an.
Pour le déguster, il suffit de mettre les doigts dans le pot, celui-là même dont l’étiquette est signée de l’artiste suisse Marcel Barelli. Preuve qu’entre patrimoine culturel et patrimoine naturel, l’Abbaye royale de Fontevraud continue de faire son miel.
Marcel Barelli
Marcel Barelli est un jeune cinéaste d’animation de grand talent. En résidence à Fontevraud, il développe le projet d’un court-métrage intitulé Vigia, une réflexion sur la pollution des espaces naturels, du point de vue d’une abeille.
C’est de ce film qu’est tirée l’étiquette des pots de miel produits à l’Abbaye royale de Fontevraud.
L’étiquette du miel de Fontevraud – Marcel Barelli
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